Tuesday, March 18, 2008

Par Ismail Kadaré

Un livre de messages d’espoir et de paix pour Tchamëria

J'ai été impressionné par le livre de courts récits "Arome de Tchamëria" écrit par Shefki Hysa, promu à l'un des programmes de la chaîne de télévision nationale. Je suis intéressé par toute publication sur Tchamëria, chaque fois qu'on reparle d’elle. Il ne s'agit pas d'encourager des troubles dans les Balkans, que quelqu'un pourrait penser, mais pour calmer les consiences agitées. C'est pourquoi j'ai dit que j'ai été impressionné par le livre de courtes récits de l'auteur d’origine de Tchamëria. J'ai été intéressé par la lecture de ce livre et j'ai parcouru attentivement à travers ses pages pour trouver le message d'espérance et de paix qu'il transmet au lecteur.

En bref, je dirais que ce livre est nécessaire, impératif et moral, comme toute publication de cette nature. Il existe de nombreuses raisons que les Tchams n'oublient pas Tchamëria et ce n'est pas seulement leur droit, mais aussi le droit de tous les Albanais. En outre, il s'agit d'une tâche morale, car il ne faut jamais oublier les souffrances des plaies de milliers et de milliers de personnes.Il ne faut jamais oublier le déplacement, il ne faut jamais oublier le lieu de naissance, où est le foyer. Tout cela aidera à se débarrasser des cauchemars, comme le fait livre "Arome de Tchamëria".

Il est temps que les Balkans se débarrassent des vieux crimes, et l'un d'eux est ce qui est arrivé à Tchamëria, le drame Tcham. De cette manière, les Balkans ouvriront la voie vers l'émancipation. Seul alors, les Balkans pourraient faire partie de la famille européenne émancipée.

Janvier, 2004

Traduit par: Dr. Haim Reitan

Wednesday, March 12, 2008

Pandeli Koçi

Mes vrais amis et ceux de Bilal Xhaferi, notamment Pandeli Koci m’ont incité à se consacrer entièrement à cette initiative. Pandeli était en même temps mon ami et mon professeur de la littérature de Kosovo auprès de la Faculté d’Histoire pendant 1985-1992. A cette époque, je faisais mes études de Langue et Littérature Albanaise à l’Université de Tirana.
Qui est cet ami?

Pandeli Koci (Sazan Goliku son pseudonyme littéraire) est né à Vlora le 6 janvier 1942. Après avoir fini le collège à Vlora il a suivi les études supérieures de langue et littérature à l’Université de Tirana, à la Faculté d’Histoire et Philologie . Il a aussi suivi des formations en matière de journalisme et des publications. Il a travaillé comme enseignant, employé de culture, journaliste et rédacteur auprès de la maison d’édition Naim Frasheri et ailleurs.

Depuis 1970 il s’est occupéde la publication de le littérature albanaise au Kosovo et a été lecteur de cette littérature auprès de l’Université de Tirana. De 1981 à 2002 a travaillé dans la presse de l’Assemblée de la République d’Albanie.

Il écrit en prose, poésie publicistique surtout dans la revue « L’aile de l’aigle ». Il écrit également pour les enfants et des textes de chansons. Il est aussi critique littéraire, esseiste, et a gagné quelques prix littéraires nationaux

Ses principaux œuvres sont :

« Les Aventures de la liberté », récits 1995
« Epidemie cosmique », poésie, 1996
« Rêve d’amour » , poésies 1996
« Les combattant du Mont Blanc », roman 1999
« Pétales tombées », poésie 2001
« Aventures matinales » poème, 2002
« Le triangle du ciel noir », récits, 2006
« Trouble », poésie 2007

En tant que publiciste, écrivain et critique littéraire, Pandeli depuis que j’ai fait sa connaissance au début des années 80 et jusqu'à sa retraite en 2002, a été un ardent favori de l’oeuvre de Bilal Xhaferi et du problème des tchames. Dès le début de notre connaissance il m’a beaucoup aidé , à cette époque difficile de régime communiste ou personne ne me faisait compagnie à cause de mes idées anticommunistes. Je lui suis reconnaissant pour tout ce qu’il a fait pour moi, pour le courage qu’il m’a donné après les années 90, pour s’occuper de la figure de Bilal Xhaferi et de la question de Camerie. Mon ami Pandeli Koci contribue comme un patriote à ce que l’idéal des tchames devienne réalité et il mérite le respect de la part d’eux.

Traduit par Adriana Koxhaj

Tuesday, March 4, 2008

Sazan Goliku

Petales tombees

***

Une goutte d’eau
se fit tourbillon.
Les imbéciles
y perdirent la vie,
les intelligents
y perdirent la tête.


***

Le petit orteil du pied gauche
tira la langue à l’orteil
du pied droit.
Le grand orteil du pied gauche
ricana.


***

Je n’aime pas être un zéro
qui, placé après le un
en accroît la valeur.
Je n’aime pas être un zéro
qui, placé après le un
en diminue la valeur.
Je suis égal à un.


***

Je serais Dieu lui-même
si j’étais un Homme
entièrement libre.
Mais Dieu (s’il existe)
est-il vraiment
libre?

***

Sur une feuille de mûrier
le ver à soie
ronge avec le bout pointu
de la dialectique.


***

L’auréole de grands hommes
nous éclaire
ou nous aveugle.
Leur ombre
nous laisse dans l’ombre.


***


Je marche tranquille sur le trottoir.
Une peau de melon
me fait tomber violemment par terre.
Si on avait peur
on ne marcherait pas du tout.


***

La pluie bénie me mouilla…. et
cessa.
Sur une feuille heureuse
soudain bourgeonnante
les rayons du soleil et le ver
tombèrent.


***

…parti,
disparu.
Je n’ai laissé derrière
que moi-même.


***

Je fis entrer mon esprit
dans la braise
des idées hérissées de Nietzsche
Je m’effrayai et m’enhardis.
Le Surhomme ne peut pas être Homme
Une foule ne peut pas être humaine.


***

Si tu
n’es pas
toi
alors
qui est
quoi ?


***

La chaussure marche toujours
…dit le marchand de chaussures.
Le cordonnier
vit et meurt
comme un infirme.


***

Sur le parc jauni
coulèrent les larmes de l’écologiste
et les fleurs….séchèrent.


***

Son argent,
il le met de coté
à la banque,
dans ses poches
dans son cœur.
Et le Coeur
où se trouve-t-il?


***

La fête des citrons pressés
finit dans les poubelles.
Les citrons pressés
flirtèrent avec les ordures.


***

L’abeille me piqua à la langue
et creva pour vivre
Indifférent, j’avalai
son miel amer.


***

Au lavabo il n’y a pas de savon,
au robinet juste une goutte
d’eau.
Que dois-je faire?
Alors, je ne me lave pas.


***

Sur la Lune, Mars, Venus,
dans le ciel
On n’a pas vu Dieu!
Quel Dieu?
Celui qui n’en a que le nom?
Celui qui est mort depuis longtemps
ou celui que quelqu’un garde dans sa poche,
quelqu’un dans son cœur,
un autre dans sa tête?


***

La TV et la radio me cassent les oreilles:
Coca-cola! Pepsi-cola!
C’est merveilleux!
Ah, si j’avais un verre d’eau de source
avec, dedans, une goutte de poison de vipère!


***

L’Europe, est-ce l’Europe?
La pierre brute du doute
me tomba sur la tête.


***

Nous, qui avons cru ou
fait semblant de croire
nous avons menti,
nous avons été trompés et déçus,
nous avalons nos regrets,
ce remède contre notre honte,
nous avalons notre honte,
ce remède contre nos regrets.


***

Quatre vingt-six enfants
à la tête coupée
femmes aux seins coupés
vieux aux crânes brisés
enfermés dans un camion frigorifique
jeté dans le Danube.
Le Danube jaillit et coule
à travers l’Europe.


***

Quand tu te donnes la tête
contre le mur de la destinée
ne cherche pas à soigner tes blessures,
mais reprends courage, saute,
franchis le mur.
On peut vivre même sans tête.


***


Les sons de la flûte
ont été pris dans une toile d’araignée.
C’est pour la première fois
qu’elle n’a pas saisi sa proie.


***

Après tant de belles aventures
tristes, elle ne se rappelait pas
ses premiers amours.
Elle vivait les nouveaux amours
comme si c’était la première fois.


***

Imaginant le baiser
des deux vipères
la jeune fille refusa d’être embrassée.


***

La nuit, il a beaucoup neigé.
Les mimosas frêles
sont cassées, fracassées.
Quelqu’un, à ses premiers amours,
pensa.


***

Un jour, je sais,
aux flots troubles de tes yeux,
je me noierai.
Ce serait ta fin-o
reine illusoire.
Au bel oasis du Venus,
je renaîtrai.

Traduit par Adriana Koxhaj